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Écouter son corps : Mode d’emploi

16 avril 2024

L’organisme humain est une belle machine, possédant des mécanismes ayant pour fonction de nous avertir lorsque c’est le temps de faire une petite « maintenance », un ajustement ou de faire les investigations nécessaires afin de régler ou prévenir une problématique éventuelle. Le corps humain nous témoigne de son bon ou moins bon fonctionnement en passant par différents indicateurs, les symptômes. Bien que le corps humain ne possède pas de témoin lumineux, sonore ou n’émet notification, cela n’est pas une raison pour ne pas s’en préoccuper.

Le corps nous parle

Tout symptôme ne doit pas être ignoré, du moins pas trop longtemps. Ceux-ci nous renseignent à plusieurs niveaux. Doit-t-on agir pour régler un problème ? Quel est le problème ? Touche-t-il un système en particulier ? Y a-t-il une pathologie installée ? Ce sont tout autant de questions auxquelles nous pouvons parfois avoir les réponses en étant à l’écoute du corps, alors que dans certaines situations, nous devrons faire appel à un professionnel de la santé pour nous aiguiller en effectuant des tests médicaux par exemple. Mais avant d’en arriver là, ne semble-t-il pas crucial que chacun de nous développe la capacité à mieux écouter son corps ? L’écoute du corps ne s’apprend pas dans les livres et comme chacun de nous est unique, il doit exister tout autant de façons d’écouter et de comprendre son corps qu’il existe de corps différents. Commençons par explorer les concepts de bases qui sous-tendent la notion d’écoute corporelle.

L’écoute du corps : notions de base

Si l’on s’intéresse plus particulièrement à la notion de s’écouter (verbe pronominal), cela renverrait, selon la définition du Larousse en ligne, au fait d’attacher une importance excessive aux maux, aux malaises, même infimes dont l’on souffre. Le Robert en ligne donne une définition similaire à la notion de s’écouter: prêter une trop grande attention à sa santé. Si l’on adhère aux définitions officielles précédemment énoncées, on pourrait en déduire que s’écouter, c’est un peu comme devenir hypervigilant face à son corps. Pourtant, dans un monde où nous sommes constamment distraits, peu prennent le temps de s’écouter. Cela pourrait expliquer la raison pourquoi lorsque nous entendons « je me suis écoutée » cela est plutôt vu positivement. Il est rare qu’il nous vient en tête la notion d’hypervigilance, associée à un état anxieux face à santé, tel que le décrit le Robert en ligne. Nous nous représentons l’écoute de soi comme étant souhaitable. Les représentations sociales actuelles valorisent les concepts d’amour et d’écoute de soi.

Entrer en relation avec soi

Naturellement, l’esprit humain veut comprendre, tirer des conclusions, classer (juger) l’autre et ses propos. Cela s’apparente au concept de compréhension et non à l’écoute. L’écoute véritable est plus difficile que nous le pensons, puisqu’une écoute à proprement parler, sert à offrir sa présence à l’autre, à porter attention à son langage verbal et non-verbal, tout en laissant de côté les discours de l’esprit. Selon les théories psychologiques de l’approche orientée sur la personne (Randin, 2008), le réflexe naturel de l’humain lorsqu’il écoute l’autre, est de se raccrocher à ses propres référents et connaissances. Selon Randin, la première exigence fondamentale de l’écoute est de faire preuve d’attention libre, de se montrer disponible à recevoir et mettre le monde extérieur ainsi que la pensée sur silence. Si l’on transpose ces concepts psychologiques à l’écoute corporelle, alors on pourrait en déduire que lorsque l’on écoute son corps, on entre alors en relation avec soi. Pour ce faire, toujours en suivant les principes énoncés par la théorie centrée sur la personne, il faudra alors mettre le monde sous silence et faire abstraction de la pensée.

S’écouter ou tomber dans l’hypervigilance ?

ll est logique de penser que si l’on est « dans sa tête » , en mode compréhension et interprétation plutôt qu’en réelle écoute, on soit tenté de catégoriser les choses. Rappelons-nous, c’est le naturel de l’esprit humain. Alors que nous avons mal au ventre, rapidement nous pouvons devenir anxieux et conclure de l’existence d’une maladie potentielle, augmentant du même coup les hormones du stress. Pourtant s’écouter peut être fait de manière positive, dans le simple but de mieux répondre à un besoin.  

Écouter quoi et comment ?

Le corps envoie constamment des signaux, par exemple la soif, la faim, la douleur etc. Il existe deux problèmes apparents assez communs face à l’écoute de ceux-ci. Le premier a été énoncé ci-haut : beaucoup d’entre-nous ne prenons pas assez le temps de faire le silence en soi et autour de soi pour entendre ces signaux. Deuxièmement, une fois que nous avons écouté le corps, savons-nous réellement ce qu’il nous dit ? Il est possible que nos connaissances ou référents soient erronés. La faim s’exprime par une envie de manger ou une envie d’aliments en particulier, ce qui renseigne sur les besoins nutritifs précis du corps. Combien d’entre-nous avons pensé ou pensons que la faim, c’est un ventre qui gargouille ou encore que la satiété, c’est la sensation d’avoir le ventre plein ? Ces référents ont été cumulés à travers notre éducation et ont été influencés par nos expériences passées, notre culture, etc.

Technique de focussing

Voici un petit exercice pour permettre un contact avec le corps sans jugement, Il n’est jamais trop tard pour développer une sensibilité nouvelle à son corps. Bien qu’il existe des consensus scientifiques communs sur la signification de certains signes et symptômes (ex : si j’ai mal, j’ai une blessure ou en devenir), si je saigne, j’ai probablement une coupure, il y a de nombreuses différences individuelles. Il peut donc être intéressant de noter les ressentis dans un journal suite aux exercices d’écoute de soi. Cela permettra au fil du temps d’établir certains liens, de mieux comprendre les besoins ou encore faire des liens avec les émotions et les signaux du corps. On peut développer un lien avec le corps comme on bâti une relation avec un ami. Le corps est notre ami qui veut notre bien. Écoutons-le !

Voici un exercice visant à se réapproprier son propre rapport à la nourriture

  • Fermer les yeux et prendre conscience du corps, ses sensations, sans juger : Est-ce une sensation de vide ? Plein ? De tension ? De détente ?
  • Y a-t-il des constrictions ? Des inconforts ? Des douleurs ?
  • Si vous vous imaginez manger une « pomme », qu’est-ce que ça fait dans votre corps ? Quelles sensations sont présentes dans votre bouche ?
  • Quelles images vous viennent en tête ?
  • Quel sentiment : Joie ? Légèreté ? Alourdissement ?

Méditer sur l’impact que les aliments ont sur votre corps une fois ingérés par la suite.

Qu'est-ce que l'écoute? | Cairn.info

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